SNU: ne les laissons pas nous mettre au pas !

LE SNU C’EST QUOI ?

Le Service National Universel remplacera l’actuelle Journée De Citoyenneté. Il est adressé aux jeunes de 15 à 16 ans et a pour pour but, selon Emmanuel Macron, de rassembler la jeunesse autour d’un « sentiment d’unité nationale »

Cet été, 2000 jeunes ont été envoyé.e.s dans des internats en métropole et en outre-mer pour une semaine-test du SNU, au bilan déjà de nombreux couacs et dérives : 20 malaises de jeunes obligés d’assister jusqu’au bout à une cérémonie officielle sous la canicule à Evreux, une institutrice qui parle dans une vidéo postée sur les réseaux sociaux d’un « Pétain vainqueur de Verdun », ou encore à Morbecque (Nord), des pompes obligatoires pour tout un groupe parce qu’un jeune avait ses mains dans ses poches (on rappelle que les punitions collectives sont interdites depuis 2014).

L’été prochain, les centres-tests sont étendus à toutes les régions, sur base du volontariat.

A la fin de cette période-test, prévue pour 2026, 800 000 jeunes devront assister à une phase obligatoire du SNU, en internat pendant 2 semaines et 2 autres semaines en « mission d’intérêt général » , puis on leur laissera la possibilité de s’engager dans une phase facultative : en civil ou militaire sur 3 mois minimum, entre leurs 16 et 25 ans.

POURQUOI S’OPPOSER AU SNU

Il faut d’abord rappeler qu’il coûte cher: les estimations officielles sont d’1,5 Milliards d’euros par an, mais d’après un animateur périscolaire consulté pour le projet* on serait plus autour des 2 à 3 milliards. Pendant ce temps, les établissements scolaires sont asphyxiés par le manque de moyens, et on supprime environ 2600 postes de professeurs chaque année, soit l’équivalent de 26 millions d’euros, pour des « économies budgétaires ».

De plus l’ « engagement » promu par le gouvernement avec ce service national n’en est pas un, et serait contre-productif car pas volontaire mais imposé, avec de possibles sanctions. Le gouvernement nous infantilise en nous forçant à « s’engager » dans un cadre prédéfini, comme si les jeunes n’étaient pas capables de s’engager dans des combats qu’iels trouvent justes. Nous avons à de nombreuses reprises prouvé le contraire ne serait-ce que lors de la dernière année scolaire, par les mobilisations contre les réformes éducatives en décembre dernier ou par les marches pour le climat massives d’avril et de mai.

Comme le rappellent les SEMEA Pays de la Loire (association d’éducation populaire qui forme des animateurs périscolaires) dans un communiqué contre le SNU en Juillet 2019**, un cadre militariste ne peut pas être éducatif, créer un espace de réflexion critique sur des enjeux politiques et sociaux, favoriser l’ouverture ou l’engagement. Hors les symboles militaires dans lequel ce programme s’inscrit sont nombreux : moitié de l’encadrement constitué par des militaires, levée du drapeau, uniforme, exercices de combat, réveil à 6heures et extinction des feux à 22h30,…

Le but n’est en fait pas tant de susciter un engagement et un esprit de solidarité (ce qui serait matériellement impossible en seulement 2 semaines et sans profs alors que L’École peine à le faire en 16 ans) que de contrôler la jeunesse, et de lui offrir une propagande nationale en réponse à la contestation qui monte et s’est encore exprimé récemment chez les jeunes.

Pas étonnant néanmoins, de la part d’un État qui met des lycéens à genoux en les menaçant avec des armes, comme ça a été le cas à Mantes-La-Jolie en décembre 2018.

Nous serions ainsi confié.e.s à l’armée, ou l’on se fait facilement maltraiter si pas de la bonne couleur de peau, pas assez viril, trop pauvre ou inapte aux exercices physiques.

On a aussi appris avec ces semaines-tests que les téléphones portables seraient confisqués pendant une importante partie des journées, ce qui empêcherait de filmer ou d’enregistrer de possibles abus, d’appeler à l’aide en cas de danger immédiat.

Enfin le SNU c’est un travail non-rémunéré sur les 2 semaines de « mission d’intérêt général » de la la phase obligatoire, et sur phase facultative de 3 mois : on utilise encore les jeunes, pour beaucoup précaires, comme de la main-d’œuvre à bas coût pour un service public ou des entreprises, comme ça se fait avec les stages de filière pro ou dans le cadre du service civique.

Une campagne de communication soignée qui a été déployée pour donner l’image attractive et « cool » d’un service militaire rétrograde. Déjà en donnant la possibilité de passer gratuitement son code de la route ou PSC1 pendant ledit service, mais aussi sur les réseaux sociaux, avec des « influenceurs » YouTube comme TiboInShape ou Sundy Jules, payés pour faire la promotion du SNU sur leur chaîne, comme ils feraient un sponsoring pour des produits beauté ou une marque de vêtements. La vidéo de promotion officielle postée sur les réseaux, reprend elle les codes des vidéos Youtube, courte avec montages dynamiques et musique rythmée, affichant les mots « liberté, égalité, fraternité » sous fond de jeunes souriant.e.s en pleine activité.

A cette propagande qui voudrait faire revenir à la mode l’uniforme et le patriotisme, nous devons opposer un contre-discours émancipateur pour la jeunesse.

AGIR CONTRE LA MILITARISATION DE LA JEUNESSE

De nombreuses pistes s’offrent à nous pour se battre contre ce service militaire :

Créer des collectifs locaux qui rassemblent jeunes, professionnels de l’éducation, de l’animation, et parents contre le SNU .

– Apprendre au maximum de futur.e.s mobilisé.e.s à contrer la propagande à laquelle ils seront confronté, par de la documentation, des formations, …

– Faire céder le gouvernement par la grève, le blocage des lycées et des centres qui accueillent le SNU.

Nous ne voulons pas d’une éducation qui nous fait rentrer dans le rang, nous luttons pour qu’elle soit plus juste et qu’elle nous émancipe.

Nous ne voulons pas d’une société à l’image de l’armée, autoritaire et verrouillée, nous nous battons pour la solidarité et l’égalité.

Nous appelons la jeunesse à refuser l’uniforme, et soutiendrons toustes celleux qui déserteront, qui désobéiront.

Le MNL appelle à se battre ensemble, syndicats, associations d’éducation populaire, organisations politiques, jeunes, adultes et vieux, contre cette militarisation de la jeunesse ; parce que la solidarité intergénérationnelle c’est aussi refuser collectivement toute forme d’autoritarisme.

* contacté, il souhaite garder l’anonymat

** https://cemea-pdll.org/Le-SNU-service-national-universel-1861

Retour en haut